Valentine REYRE, fille aînée des sept enfants d’Antoine Reyre et de Pépita Noseda, est née à Paris le 25-mai 1889. Elle passa son enfance à la campagne avec ses parents, à Saintines (Oise), aux environs de Compiègne.
En 1903, la famille, s’étant agrandie, s'installa à Senlis pour l'éducation des enfants. Valentine manifesta très jeune de grandes dispositions pour le dessin et la peinture. Élevée par un père très cultivé et artiste, elle a visité avec lui les musées de Belgique, de Hollande et d'Allemagne, et fréquenté assidûment les chefs-d’œuvre du Louvre où elle passa de longues heures à copier les maîtres.
En même temps, à la campagne et à Senlis, elle a beaucoup travaillé d'après nature, recevant quelques conseils du peintre Gustave COLIN, ami de son père.
Valentine REYRE
1889 - 1943
Toutes les techniques l'intéressaient et elle avait déjà fait des essais de lithographie et d'eau-forte - en dehors de l'aquarelle et de la peinture - lorsqu'elle vint à Paris en 1909 à l'âge de vingt ans pour travailler en atelier.
Attirée un moment par la sculpture, elle suivit les leçons de BOURDELLE ; quoique n'ayant pas persévéré dans cette discipline, elle s’est essayée à quelques œuvres, en terre cuite pour la plupart et de quelques modèles édités en bronze.
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A l'atelier de la "Grande Chaumière", elle fut l’élève de Lucien SIMON et de Georges DESVALLIERES. Elle y resta peu de temps son individualité déjà marquée lui permettant d'affirmer très vite un talent personnel.
Pendant la guerre de 1914-1918, elle continua à travailler et fit alors d'assez nombreux portraits, ainsi qu'une série d'estampes, d'images religieuses et d'illustrations de livres : gravures sur bois et sur zinc. Fidèle à son principe, que l'on ne peut bien faire une œuvre que si l'on en connaît la technique, elle apprit celle de la gravure sur bois et en exécuta quelques-unes.
En 1916, elle créa avec plusieurs camarades, dont l’architecte Storez, animés de la même foi et des mêmes principes d'art, un groupement de travail, "l'ARCHE", qui cherchait à retrouver en utilisant les techniques modernes, et sans aucune idée de pastiche, l'esprit des artistes du Moyen Âge, travaillant en équipe sous la direction du "maître d’œuvre", l'architecte. A la fin de la guerre, l'ARCHE fut appelée à exécuter de nombreuses reconstructions d'églises dévastées du Nord et de l'Est de la France.
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En 1919, avec Georges DESVALLIERES et Maurice DENIS qui y enseigneront, elle prit part à la fondation des "ATELIERS D’ART SACRÉ ».
C'est alors la période la plus féconde de sa carrière ; en collaboration avec l'ARCHE qui présente des ensembles mais aussi en son nom personnel, elle prend part à de nombreuses expositions à Paris, en province et même à l'étranger:
- 1920, au Pavillon de Marsan, Exposition d'Art Chrétien Moderne
- 1925, Exposition des Arts Décoratifs
- 1931, Exposition coloniale, où tous les groupements d'artistes chrétiens participent à l'exécution du "Pavillon des Missions" qui, par la suite, fut transporté au "Cygne" d'Enghien-les-Bain (95) où il sert d'église paroissiale.
A Ermont, où elle résidait avec sa famille, elle conçut, dans son atelier, et mit au point la plupart de ses grandes compositions, cartons de fresques et de vitraux, qu'elle allait ensuite exécuter elle-même, sur place, pour les fresques et dans les ateliers d’amis maîtres verriers, tels que M. Huré, J. Hébert- Stevens ou la Maison Lorin à Chartres, pour les vitraux.
La technique de la fresque, exigeant de la part de l'artiste beaucoup de maîtrise, l'avait enthousiasmée et elle abandonna presque complètement la peinture à l'huile et le tableau de chevalet, pour y consacrer le meilleur de son talent, parvenu alors à sa pleine maturité.
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Douée d'une imagination artistique remarquablement féconde et d'une puissance de travail exceptionnelle, elle mit tout son talent au service d'une foi vivante et éclairée. En témoignent de nombreuses églises et chapelles où elle a travaillé entre les deux guerres telles, entre autres, :dans le Nord et l'Est de la France (Cambrai, Fontaine Notre-Dame, Audincourt ...), dans sa région (le Cygne d'Enghien, Sannois, Montmagny), à Paris (l’Église du Saint-Esprit et dans des chapelles particulières ...), en Corse (Ajaccio, Bastia ...), en Belgique (Bruxelles, La Panne, Louvain ...), et dans bien d’autres lieux en France et à l’étranger .
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En 1940, elle abandonna volontairement tout travail artistique pour se consacrer à des devoirs plus pressants d'entre'aide sociale, d'éducation et de formation de la jeunesse et d'activités municipales.
Elle mourut prématurément à Ermont, le 22 février 1943.